À Roscoff, entre les bateaux amarrés paisiblement au port de plaisance et un imposant ferry qui barre l’horizon, un splendide voilier patiente à quai. Construite en 1948, cette gabare n’est autre que Fleur de Lampaul, qui a navigué au large des côtes bretonnes pendant 40 ans avant de devenir voilier école, notamment en ambassadeur de la Fondation Nicolas Hulot. À son approche, pas une silhouette ne se détache encore sur le pont, et pourtant tout un équipage de 16 personnes s’active dans sa coque. Car chaque été depuis 12 ans, le gréement emmène en expédition deux équipages des « Matelots de la Vie », association qui permet à des jeunes confrontés à la maladie de partir pour trois semaines à la découverte du milieu marin.
Huit matelots en escale à Roscoff
Mardi, en fin de matinée, la fatigue devrait se lire sur chacun des visages qui nous accueillent dans leur navire. La veille, les matelots ont navigué pour la première fois de nuit, se relayant toutes les deux heures pour assister les trois marins professionnels de l’équipage. Certes, l’un d’eux fait une sieste, mais tous les jeunes, âgés de 13 à 17 ans, ont encore de l’énergie à revendre. « Nous apprenons à hisser la voile, à faire des nœuds, à monter au mat, à identifier les points cardinaux et notre position GPS, à comprendre le balisage », énumère Mathéo, pour décrire ses apprentissages quotidiens. Originaire de Plomodiern (29), le garçon a déjà quelques connaissances en navigation, ce qui n’est pas le cas de Safa, qui vit à Argenteuil (95), ni d’Idrissa, à Carrières-sur-Seine (78), ou encore Flaminia, Aveyronnaise. Le 5 juillet, ils ont embarqué ensemble à Saint-Malo et poursuivront leur périple jusqu’à Ouessant puis Brest, destination finale. À Roscoff, ils viennent d’amarrer pour quatre jours.
La maladie reste à quai
« Nous avons vu des dauphins, des marsouins, des méduses bleues » s’exclament Solène, Safa et Mathéo, qui prennent très au sérieux le rôle de « vigies » du milieu marin que le Grand Aquarium de Saint-Malo leur a confié, à travers un cahier d’observation où ils doivent consigner la faune et la flore, mais aussi les déchets qu’ils rencontrent en mer.
Encadrés par une chef d’expédition, deux animateurs, un assistant médical, un cameraman et trois marins, ces moussaillons affichent l’enthousiasme de tout jeune de leur âge, à qui l’on offre la possibilité d’explorer la mer à bord d’un voilier, qui devient aussi une véritable maison pendant trois semaines. Pourtant, ils étaient encore tous, il y a quelques mois, à l’hôpital, parce qu’atteints d’une maladie chronique, ou en rémission. « Nous n’avons pas le sentiment d’être avec des enfants malades » insistent Lucie, chef d’expédition et Isaure, assistante médicale, en expliquant que tous sont autonomes dans leur gestion de leur traitement.
« Et nous aussi, nous l’oublions » répond la jeune Solène en écho. C’est sûrement ce sentiment que tous essayent de transmettre à leurs correspondants restés à l’hôpital. À travers un carnet de bord et en communiquant via un site internet, Facebook, Twitter et Skype, ils ont dessiné un jeu virtuel sur le thème de l’environnement marin, auquel participent des enfants d’une quarantaine d’hôpitaux. À chaque bonne réponse envoyée, un petit bateau avance. Symbole de la vie, qui trace toujours son sillon.
L’équipage des Matelots de la Vie fait escale à Roscoff, au cours de leur expédition, du 5 au 25 juillet, depuis Saint-Malo jusqu’à Brest (Photo Caroline Trouillet)
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Source : Le télégramme 13 juillet 2018
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